Les entreprises mécènes ont recours à des modalités d’action de plus en plus larges, leur permettant de faire le lien entre des champs d’intervention divers. Le domaine du mécénat est souvent relié à leur positionnement sociétal, ou à leurs sujets de questionnement. Cela traduit leur volonté d’avoir davantage d’impact et de trouver une dynamique d’intérêt général au plus proche de leurs enjeux et de leur fonctionnement, de se positionner comme vectrices de changement, au-delà d’être simplement financeuses de l’intérêt général.
Des modalités diversifiées pour un impact accru
Des modalités de soutien au-delà du don financier
96 % des répondants soutiennent les porteurs de projet par du don monétaire, la forme la plus classique du mécénat. Mais d’autres modalités de soutien sont utilisées par les mécènes en complément pour un impact plus large, à l’instar du mécénat de compétences ou du don en nature. À noter : 25 % des structures interrogées indiquent opérer elles-mêmes des actions de mécénat, sans passer par des organisations d’intérêt général. Cela peut être un indice de la légitimité et de la maturité qu’elles acquièrent sur leur champ d’intervention, se pensant comme des actrices à part entière de l’intérêt général.
Une diversification des bénéficiaires du mécénat
La diversification des modalités du mécénat s’exprime aussi dans l’élargissement des types de bénéficiaires. Les soutiens sont majoritairement versés aux associations (98 %) et aux fondations (54 %). Mais les entreprises interrogées indiquent également soutenir d’autres structures : des entreprises agréées Esus (9 %), des coopératives (4 % des répondants soutiennent des Scic et 2 % des Scop) et 18 % d’autres types d’organisations, dont des organismes publics. Cela a été rendu possible depuis le vote de la loi dite Aillagon en 20031. Les établissements publics culturels ont longtemps été davantage concernés. Désormais, les acteurs publics bénéficiant du mécénat sont multiples : des hôpitaux, des universités, des collectivités territoriales ou encore des structures comme l’Agence française de développement (AFD), par exemple, reçoivent des dons de la part d’entreprises.
L’élargissement des acteurs publics bénéficiaires du mécénat peut traduire l’accentuation d’une alliance entre le secteur public et le secteur privé. Cela s’exprime notamment à l’échelle territoriale, où les projets locaux et les collectivités vont, davantage qu’avant, solliciter l’ensemble des financeurs existants, y compris les mécènes, pour financer leurs actions. Soutenir des actions locales est aussi une façon, pour les entreprises mécènes, d’affirmer leur ancrage territorial, dans une logique de responsabilité territoriale des entreprises (RTE).
Réunir les porteurs de projets pour accroître son impact
51 % des entreprises interrogées organisent des réunions rassemblant les différentes structures qu’elles soutiennent par le mécénat. Cela leur permet de mettre en cohérence les soutiens apportés aux différents porteurs de projets, mais aussi de créer des passerelles entre divers domaines d’impact, comme la jeunesse et l’environnement, ou la mobilité et la place des seniors. C’est aussi un moyen de bien connaître les besoins sociaux des territoires sur lesquels elles agissent.
Des domaines d’impact plus liés à l’entreprise
Soutenir en cohérence avec l’entreprise
Dans 65 % des cas, les dispositifs de mécénat ont un lien avec l’activité de l’entreprise. Les thématiques d’intervention retenues peuvent être plus ou moins proches du coeur de métier de l’entreprise. Ainsi la Fondation Archery, liée au groupe Méridiam, spécialiste du financement des infrastructures de demain, accompagne les talents des quartiers populaires pour les associer à la ville de demain ; la Fondation AG2R-La Mondiale, actrice majeure de la vie mutualiste, agit pour favoriser l’autonomie et le vivre-ensemble tout au long de la vie.
Cette tendance peut traduire une volonté de cohérence, mais aussi le souhait d’avoir davantage d’efficacité, en intervenant sur les domaines d’action que l’entreprise maîtrise le mieux. Les domaines d’impact qui se sont le plus développés au cours des deux dernières années sont l’environnement, la lutte contre les dis criminations, les sciences et la santé. Ces sujets ont un lien très net avec les sujets de préoccupation sociétale récents, notamment depuis la crise du Covid-19. Cela peut être le signe que les structures sont plus sensibles aux évolutions conjoncturelles qu’avant et qu’elles cherchent à faire coïncider leurs propres sujets de questionnement sociétal avec les thématiques d’intervention des associations qu’elles soutiennent.
De manière générale, le soutien à des causes d’intérêt général n’est pas le seul apanage de la fondation d’entreprise : seuls 21 % des répondants indiquent que ce soutien passe uniquement par ce biais. Au contraire, l’intérêt général mobilise des acteurs divers au sein de l’entreprise. 44 % des structures interrogées indiquent que la direction en charge de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) y contribue également. Les directions chargées de la communication (25 %), des ressources humaines (24 %), la direction générale (23 %), ou encore les directions locales y participent aussi.
Une plus grande implication des collaborateurs
Cette articulation entre le mécénat et les enjeux de l’entreprise s’exprime aussi dans l’implication des collaborateurs dans les actions de mécénat. Ils sont parfois associés au choix des projets soutenus ou des champs d’intervention. Dans 54 % des cas, ils accompagnent les structures soutenues à travers des dispositifs de mécénat de compétences, même si dans 36 % des cas, il se limite à un ou deux jours par an et par collaborateur, et à moins de cinq jours par an dans 55 % des cas. 68 % des entreprises interrogées indiquent également organiser des témoignages des structures soutenues auprès des collaborateurs et 38 % des visites de terrain.
Quelles tendances à 2030
Les entreprises mécènes agiront à travers des domaines d’impact élargis dans lesquels elles ont une légitimité à se positionner, en soutien ou en propre. Elles exploreront de nouveaux modes d’intervention, avec l’appui de leurs collaborateurs comme vigies et activistes de ces causes.
Les entreprises mécènes se concentrent de plus en plus sur les problématiques sociétales, qui font écho aux propres enjeux qu’elles rencontrent et aux grands questionnements contemporains qui traversent la société.
Elles relient de plus en plus leurs actions de mécénat au coeur d’activité de l’entreprise. Les causes d’intérêt général ne sont plus seulement soutenues par la fondation d’entreprise, mais intéressent aussi les directions RSE, directions de l’engagement ou direction des ressources humaines.
Les entreprises mécènes veillent aussi à être davantage connectées aux préoccupations des collaborateurs et à associer ceux-ci à leurs dispositifs de mécénat, à travers différentes modalités.
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